tag:blogger.com,1999:blog-65175470391540536672024-03-12T19:09:26.070-07:00Marie botturireza_abbaspour81@yahoo.frhttp://www.blogger.com/profile/00746697048661857730noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-6517547039154053667.post-7639088333532792772007-10-02T11:55:00.000-07:002007-10-02T12:08:57.535-07:00Marie botturiA travaillé dans le journalisme, la formation, puis, après avoir enseigné les<br />techniques de vente, est devenue professeur.<br />Nombreux poèmes publiés en revues (Froissart, Friches, Arpa, Vivre en Poésie,<br />Nouveaux Cahiers de l'Adour...).<br />Donne des conférences et anime des soirées poétiques et musicales à Paris.<br /><br />A publié :<br /><br />- L'ETREINTE ARRACHÉE (Edit. Saint-Germain-des-Prés, 94).<br />- A L'AUBE DE TES MAINS (La Bartavelle-Editeur, 95).<br />- LE MIROIR DU RÊVE (La Bartavelle-Editeur, 96).<br />- VERS LES JARDINS (La Bartavelle-Editeur, 97).<br />- ANTHOLOGIE DE L'OEUVRE DE JEAN SULIVAN<br />(avec Marguerite Gentzbittel, Edit. Gallimard, 96).<br />- LES MAINS DE LA TERRE (La Bartavelle-Editeur, 2000).<br /><br /><br />Trois chants extraits de LES MAINS DE LA TERRE.<br /><br />(La Bartavelle-Editeur, Collection :Le manteau du berger.)<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">CHANT PREMIER</span><br /></strong><br />Vois-tu,<br />il me semble<br />que je marche vers toi depuis toujours.<br />Toujours<br />j'ai ignoré ton nom, ton visage,<br />tes mains.<br />Toujours<br />j'ai espéré la saveur de tes gestes<br />et craint pour ta liberté.<br /><br />Dans le silence des cris,<br />j'ai le coeur dans la bouche.<br />A voix nue,<br />je marche dans l'ouvert<br />du manque.<br />Comment s'agenouiller ?<br />Me voilà encore<br />à trébucher<br />dans l'écartèlement du désir.<br /><br />Parfois,<br /><br />les mots d'angoisse dessinent une mouette.<br /><br />Voilà,<br /><br />je suis l'oiseau blanc,<br />le cri sur la lande,<br />le cri qui me parle.<br />J'écris sans mots,<br />mon corps trace son poème.<br />Je viens de naître.<br /><br />Je bois le lait de la terre,<br />j'ai rendez-vous avec le miel.<br />Je capte le soleil,<br />j'ouvre les visages et le ciel.<br />Je laisse des signes sur la mer.<br /><br />Ai-je jamais vécu<br />Dans les ombres sourdes ?<br /><br />Ce frémissement dans l'air,<br />ces herbes languissantes,<br />est-ce le chant qui monte ?<br />Quelle absence<br />suis-je en train de guetter ?<br /><br />Non, ne montre pas ta face,<br />oublie même mon visage.<br />Le vent plaintif rôde dans les coeurs.<br />Donne-moi juste la force<br />de traverser les heures grises,<br />le destin ténébreux.<br /><br />*<br /><br />Non, Orphée,<br />il ne faut pas se retourner.<br />En arrière,<br />c'est toujours la tristesse des soirs de solitude,<br />la mémoire en dérive de nostalgie.<br />C'est rien d'autre<br />que la désolation.<br /><br />Ni hier ni demain non plus,<br />Orphée.<br />Mais maintenant, oui,<br />possible, riche d'impossibles et d'inconnus.<br /><br />Marchons à grands pas,<br />mains grandes ouvertes,<br />scrutons les ténèbres.<br />Nous ne savons pas où passe la route de la lumière.<br />Viens-tu, lumière ineffable, comme le songe de la nuit ?<br />Cherches-tu ton chemin parmi les ombres indécises<br />pour venir jusqu'à nous ?<br /><br />La nuit s'égoutte sur les toits,<br />entre par la fenêtre,<br />couvre le plafond.<br /><br />Ô nuit,<br /><br />laisse tomber les rideaux tendres<br />pour un frais réveil du matin !<br />Je voudrais ne plus lutter contre le sommeil,<br />rejoindre chaque soir le sentier de la musique<br />et que la terre entière vive en moi.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">CHANT DEUXIÈME</span></strong><br /><br />On ne peut s'avouer l'absence.<br />Revoir une brosse à dents,<br />un peigne, un rasoir,<br />un stylo, quelques lignes qui traînent,<br />trop déjà.<br />Et que dire du livre<br />dont la page est marquée,<br />pensées où bruissent des pas ?<br />Que dire d'une photographie<br />où le regard cherche les mains ?<br /><br />Ces flèches qui vrillent le plexus<br />dans les nuits de printemps.<br />Les étoiles qui brillent sur l'oreiller,<br />le drap qu'on tire sur la tête<br />pour cacher son froid.<br />Dans le noir on cherche encore<br />la consolation :<br />d'où pourrait-elle venir ?<br /><br />Attendre encore,<br />et recommencer<br />on ne sait quoi ni comment.<br /><br />Crier<br /><br />comme un navire abandonné,<br />comme une pierre oubliée sur la route.<br />Cri que personne n'entend,<br />cri dans le monde d'indifférence,<br />maisons fermées,<br />portes blindées, verrouillées,<br />tables désertes,<br />jamais une table et un couvert pour la souffrance, la chaleur d'une<br />bonne parole sur le seuil des maisons.<br />On meurt dans des boîtes empilées,<br /><br />nul ne le sait.<br /><br />La tête cogne contre la vitre,<br />on serre les poings sur une balle de ping-pong.<br />Comment a-t-on tout perdu,<br />jusqu'à la trace des nuages ?<br />On ne comprend plus rien<br />au chant des arbres,<br />à la danse du vent,<br />aux flaques du soleil,<br />à l'ombre qui s'écoule sur le pré.<br /><br />On ne peut rien contre les pleurs,<br />c'est comme le temps :<br />insurmontable.<br />Ce silence silencieux,<br />ce vide tout vide.<br />Tout encore à passer.<br />Rien dans rien.<br />Le ciel pourtant, le très bleu au matin d'hiver secret,<br />et le tout chaud dans la maison,<br />et la bonne table pour écrire.<br />On ne peut pas vivre sans espérer,<br />il faut espérer encore<br />et aimer.<br /><br />Il serait difficile de me retrouver.<br />J'ai inversé toutes les directions.<br />Mes chiens sont morts,<br />j'ai jeté les lettres,<br />j'ai changé de lit,<br />j'écris sur une autre table,<br />mes stylos plume sont tout neufs.<br />Tu retrouverais tout juste les chaises,<br />une lampe,<br />un tapis,<br />cinq, six objets,<br />rien de plus.<br />Et je vis avec deux noms.<br /><br />Souvenirs raturés<br />dans le coeur en givre.<br />La dernière nuit<br />tu m'as pris les mains pour dormir.<br /><br />Te souviens-tu, la Provence ?<br />Cette maison de halte,<br />les matins reposés,<br />les après-midi de miel,<br />les promenades d'espoir,<br />le chien-loup qui riait à nos côtés.<br /><br />Combien de fois<br /><br />aurons-nous contenu nos pleurs ?<br /><br />En aurons-nous jamais assez<br />de l'amour,<br />de son cortège de noirs enchantements,<br />de ses couteaux de lames,<br />de ses nuits prostrées, de ses réveils paniques ?<br /><br />On croit avoir grandi.<br />Mais non,<br />on est tout petit dans son coeur.<br />A présent il faut vivre encore.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">CHANT TROISIÈME</span></strong><br /><br />Janvier, demain,<br /><br />boucles de gui sur le trottoir d'un fleuriste,<br />boules blanches, qu'enfant on faisait craquer sous les doigts.<br />Se méfier de cette nostalgie-là,<br />elle blesse les yeux.<br />Le gui, c'est fini.<br />Tout est fini.<br />Ces pensées qui déjà s'effilochent,<br />les nuits où je te cherchais,<br />les jours de pluie avec rien devant.<br />La petite place d'église et nos confidences,<br />les petits déjeuners au soleil,<br />le beau désordre de nos draps,<br />la promenade sur le canal Saint-Martin.<br />Tout est fini.<br />Les départs du train<br />et tes retours,<br />tes genoux contre mes reins;<br />le téléphone qui sonnait,<br />la lettre qu'on attendait,<br />le petit chat recueilli<br />et ces mots que j'écris<br />et les sentiments du monde entier,<br />toute la joie, toute la douleur,<br />la rencontre à venir et déjà derrière.<br /><br />On est à peine né,<br />et c'est déjà fini.<br /><br />Fluide tiédeur de l'air le long de l'étang,<br />solitude à grands bras.<br />Juste un pêcheur espérant quelque poisson.<br />Un brin de soleil tourne sous les ondes,<br />comme un oubli.<br />L'eau se berce, lent chuchotement du temps, ranimant quelques joncs<br />endormis.<br />Tout est toujours là,<br />immobile, sans histoire,<br />les mêmes herbes, la vieille barque.<br />A quoi bon faire le bilan ?<br />Echecs, espoirs, peurs,<br />tout coule dans l'ondoiement de l'eau,<br />tous les rêves s'éparpillent.<br />Un poisson saute, replonge,<br />instant de plus,<br />brasillement de l'éternité sur toutes les questions sans réponse.<br />Allons retrouver les douces pierres dans la maison, sur les étagères,<br />les pierres de mon père,<br />y inscrire encore les mains,<br />toucher une vérité insaisissable,<br />comme un soleil oublié sur des feuilles.<br /><br />Ces blafards dimanches de novembre<br />et d'hiver muet !<br />Insolentes répétitions<br />avec lesquelles vivre encore !<br />Revient un rêve de la nuit,<br />déridant l'accablement.<br />La maison de l'enfance, un matin, entourée de barricades de bois<br />torsadé,<br />et beaucoup d'espace pour marcher.<br />Un conte de fées.<br />- Dans un an les barrières seront fleuries, dit mon père.<br />- Oui, et on pourra laisser aller les chiens.<br />Le mien surtout. Une bonne chienne à qui je confiais mes peines et<br />caresses.<br /><br />Elle n'est plus là ma chienne,<br />dans le paradis des chiens, sûrement.<br />Il faut y croire.<br />Il faut croire aux choses simples,<br />aux rêves de la nuit,<br />à la mère, au père qu'on retrouve,<br />qu'on avait peur de perdre.<br />- Papa, ira-t-il jusqu'à la retraite ?<br />Toujours cette inquiétude.<br />Ils sont encore là, tous les deux.<br /><br />Comme il faut avoir aimé des animaux,<br />senti le vol des oiseaux,<br />connu le mouvement des jeunes fleurs de prairies,<br />marché sur de longs sentiers dorés,<br />retrouvé des mains tant attendues,<br />craint tant de départs,<br />espéré des rencontres,<br />pour que temps et espace disparaissent, que l'accord avec le monde<br />se recrée,<br />et que tout rejaillisse, inattendu, clair et obscur, et qu'on oublie<br />à nouveau.<br />Puis s'en souvenir un dimanche blême d'hiver,<br />dans le même mystère.<br /><br />Seul l'abîme qui nous séparait s'est effacé.<br />Les souvenirs sont devenus chair,<br />tout le corps.reza_abbaspour81@yahoo.frhttp://www.blogger.com/profile/00746697048661857730noreply@blogger.com0